18-20 janv. 2017 ENS - IFÉ, 19 Allée de Fontenay, 69007 Lyon (France)
Transgresser ou se conformer aux stéréotypes de genre, de la production à la réception culturelle : l'exemple de U4, ensemble romanesque post-apocalyptique en direction des adolescents
Stéphane Bonnéry  1@  , Samuel Coavoux  2@  , Rémi Deslyper  3@  , Florence Eloy  1@  , Sébastien François  4@  , Thomas Legon  5@  , Muriel Mille  6@  
1 : Centre interdisciplinaire de recherche, culture, éducation, formation, travail  (CIRCEFT)  -  Site web
Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne (UPEC), Université Paris VIII - Vincennes Saint-Denis : EA4384
PARIS 8 - ESSI 2, rue de la liberté 93526 Saint-Denis Cedex UPEC - REV Immeuble Pyramide 80, avenue du G. de Gaulle 94009 Créteil -  France
2 : École normale supérieure de Lyon  (ENS LYON)  -  Site web
École Normale Supérieure (ENS) - Lyon
15 parvis René Descartes - BP 7000 69342 Lyon Cedex 07 -  France
3 : Université Lumière Lyon 2  (UNIV LYON 2)  -  Site web
Université Lumière - Lyon II
86 rue Pasteur 69007 Lyon -  France
4 : Centre de recherche interuniversitaire, Expérience, Ressources Culturelles, Education  (EXPERICE)  -  Site web
Université Sorbonne Paris Cité (USPC), Université Paris VIII - Vincennes Saint-Denis : EA3971, université Paris 13 : EA3971
UFR Lettres, Sciences de l'Homme et des Sociétés, Université Paris 13, 99 avenue Jean-Baptiste Clément, F-93430, Villetaneuse -  France
5 : École des hautes études en sciences sociales  (EHESS)  -  Site web
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), École des Hautes Études en Sciences Sociales [EHESS]
54, boulevard Raspail 75006 Paris -  France
6 : Centre Maurice Halbwachs  (CMH)  -  Site web
École normale supérieure [ENS] - Paris
48 Bd. Jourdan 75014 Paris -  France

Mots-clés : littérature jeunesse, stéréotypes de genre, production, médiation, réception.

Comme le montrent Christian Baudelot, Marie Cartier et Christine Détrez dans Et pourtant ils lisent... (1999), les lectures adolescentes se caractérisent, encore davantage que chez d'autres catégories de lecteurs, par la prégnance des processus d'identification. Ces derniers peuvent notamment être relatifs au genre, entrant en jeu dans le processus de construction de soi en tant que fille ou en tant que garçon (Octobre, Détrez, Mercklé, Berthomier, 2010). Or les professionnels de la littérature jeunesse s'appuient largement sur ces derniers, qu'il s'agisse de la production du texte à proprement parler que de la phase de marketing et de promotion des ouvrages. 

Néanmoins, comme le souligne Christine Détrez à propos des mangas, les caractéristiques du texte tout comme la manière dont les intermédiaires présentent l'oeuvre aux lecteurs ne préjuge en rien de leur réception effective, y compris du point de vue des mécanismes d'identification genrée, donnant lieu par exemple à des phénomènes d'inversion par rapport aux catégories éditoriales (Détrez, 2011 ; Détrez et Renard, 2008). En s'appuyant sur l'exemple de l'ensemble romanesque U4 composé de quatre ouvrages d'auteurs distincts, racontant chacun la même histoire du point de vue d'un des quatre héros (deux filles et deux garçons), cette communication a pour ambition de mettre en exergue le fait que de tels phénomènes d'inversion genrée peuvent intervenir dès le moment de l'écriture, l'ensemble des niveaux de la chaine allant de la production à la réception renégociant et réinterprétant la partition du genre que donnent à voir le processus d'écriture et le contenu des quatre ouvrages.

Ainsi, le cas d'U4 est particulièrement intéressant à cet égard : les auteurs, deux femmes et deux hommes, ont pris volontairement le parti de choisir des héros de sexe opposé, cherchant à jouer et/ou à prendre des distances avec les stéréotypes de genre (simple jeu pour les auteurs hommes d'U4, il s'agit d'une démarche très engagée et réfléchie de la part des auteurs femmes). Néanmoins, malgré cette démarche très spécifique, le travail promotionnel remet les normes de genre au centre de la médiation, les deux tomes mettant en scène des héroïnes étant catégorisés comme davantage destinés aux filles et inversement (partition qui est d'ailleurs reprise en partie par les auteurs eux-mêmes lors des contacts directs avec les lecteurs). Enfin, du côté des lecteurs, on observe des modes d'appropriation très divers à cet égard, de la déploration du manque de réalisme des comportements des héros d'U4 du point de vue des normes de genre à des phénomènes de « braconnages » (Certeau, 1990), qu'on cherchera à recontextualiser dans les configurations sociales dans lesquels ils s'inscrivent à l'instar de Christine Détrez (2011). 

Les données de terrain qui serviront de base à notre analyse sont les suivants : le suivi de l'ensemble romanesque U4, du processus d'écriture à sa réception en passant par les intermédiaires (maisons d'édition, blogeurs, journalistes, libraire, bibliothèque...). A ces différents niveaux ont été réalisés des entretiens (4 avec les auteurs, 12 dans le cadre des deux maisons d'éditions concernés, 20 avec des lecteurs), ainsi que des observations (notamment pour accéder aux modes de prescription adoptés par les intermédiaires : observation du salon du livre de Montreuil et de plusieurs librairies) et une revue de presse/des blogs sur U4

 

Références citées

Baudelot C., Cartier M. et Détrez C. (1999), Et pourtant ils lisent..., Paris, Le Seuil. 

Certeau M. de (1990), « L'invention du quotidien. Tome 1. Art de faire », in Paris, Gallimard.

Détrez C. et Renard F. (2008), « « Avoir bon genre ? » : les lectures à l'adolescence », Le français aujourd'hui, vol. n° 163, n° 4, 17‑27.

Détrez C. (2011), « Des shonens pour les garçons, des shojos pour les filles ? », Réseaux, vol. n° 168-169, n° 4, 165‑186.

Octobre S., Détrez C., Mercklé P. et Berthomier N. (2010), L'enfance des loisirs. Trajectoires communes et parcours individuels de la fin de l'enfance à la grande adolescence, Paris, DEPS, Ministère de la Culture et de la Communication.


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